Un arrêté, publié dans le Journal officiel le 31 décembre 2021, interdit désormais : « La vente aux consommateurs de fleurs ou de feuilles brutes sous toutes leurs formes, seules ou en mélange, avec d’autres ingrédients, leur détention par les consommateurs et leur consommation ».
Cette prohibition sonne comme un coup de massue pour bon nombre de professionnels exerçant la revente de produit à base de cannabinol. Pourtant depuis l’essor de ce marché ambitieux et en constante augmentation, les autorités françaises avaient laissé faire et n’était pas trop regardantes.
Des produits extraordinaires comme l’huile de CBD, les feuilles ou la protéine de chanvre ont conquis bon nombre de consommateurs pour leur aspect naturel. Pourquoi ce revirement de situation intervient-il en catimini la veille du début d’année 2022 ?
Interdiction des fleurs de CBD à la vente : tabou d’une pratique dite « light »
Le législateur français aurait-il vu d’un mauvais œil le fait de fumer de l’herbe non psychotrope chez certains usagers. En effet, beaucoup de fumeurs apprécient la fumette de feuilles de chanvre très pauvres en THC et jouant plus un rôle de détente que de défonce. Les défenseurs de ce commerce défendent d’ailleurs le bienfait des feuilles de chanvre comme étant dénuée de THC.
En l’absence de cette substance nocive, tout le côté plaisir sans le côté dépendance est tout simplement narré. Cette pratique s’était d’ailleurs diffusée en masse depuis 3 ans trouve aussi le réconfort de certains adeptes dans le fait de ne pas transgresser la Loi.
Pourquoi, le Législateur souhaite-t-il retirer du marché un produit qui ne tombait pas dans l’illicite ? Le CBD dit « light » serait-il un tremplin maudit pour la jeunesse ?
Volonté électoraliste ou problème de santé publique ?
Le débat politique houleux du moment pourrait trouver une résonnance dans cette interdiction. C’est du moins ce que l’on pourrait imaginer. Les allusions directes aux drogues et la délinquance de rue auraient-ils trouver refuge au cœur de la consommation de feuille de chanvre. Le décalage de terrain entre la feuille et la tête de cannabis ne changerait pas la donne pour les conservateurs.
Loin de l’ouverture d’esprit que les villes comme Amsterdam sont capables de générer, la France semble être un pays de durs à cuire. En effet, il faut dire que tout ce qui tourne autour du cannabis ne tourne pas rond dans notre pays. L’allusion au haschich marocain, le blanchiment d’argent et la loi du caïdat en banlieue laisse des traces indélébiles lorsque les armes s’expriment.
Pourtant des pays connaissant de véritable problème avec le narcotrafic comme l’Uruguay ont carrément décidé au nom des finances publiques de produire et commercialiser leur propre cannabis thérapeutique. Un petit coup de tampon en pharmacie pour 4O grammes de consommation mensuelle tolérée permettent de gagner un peu de recettes là où le crack et la cocaïne font des désastres.
Que vont devenir les boutiques commercialisant le chanvre ?
Les ventes de feuilles de chanvre représentent les trois quarts du chiffre d’affaires de ces boutiques. Il faut dire que tout est allé très vite dans notre pays dans le développement de ses commerces teintés de culture détente ou hippie. Néanmoins, le coup de bâton législatif arrive sans que personne ne puisse prendre le temps de rebondir.
Beaucoup de commerçants affichent donc leur volonté de continuer à vendre cette nouvelle marchandise prohibée. L’autorité publique usera-t-elle du pouvoir douanier pour faire stopper un commerce tombant sous les filets de l’illégalité ? Les mois qui suivent sauront autant d’éléments de réponses à nos interrogations.